Aider à construire une autoroute indispensable tout en protégeant la faune du Kenya

Les autoroutes sont essentielles à la prospérité – mais elles peuvent aussi mettre en péril la faune sauvage. Voici quelques idées sur la façon de répondre à ces deux priorités dans le contexte d’une autoroute qui traverse le Kenya. 

L’autoroute A8 au Kenya part de la ville portuaire de Mombasa et s’étend vers l’ouest pour traverser tout le pays. Son amélioration constitue un volet important du plan de construction d’un réseau de transport qui répond aux objectifs du programme Vision 2030 du Kenya, soit mettre sur pied une économie émergente industrialisée.

Emplacement

Nairobi, Kenya

Client

Rift Valley Highway Limited

Mais la faune du Kenya est également vitale pour l’avenir du pays, en partie pour son rôle dans l’industrie touristique. L’élargissement de l’autoroute A8 de Nairobi à Mau Summit, pour la faire passer de deux à quatre voies, et l’installation de clôtures de chaque côté de la route, auront des répercussions sur la faune et celles-ci doivent être gérées. Les moyens de subsistance de la population locale doivent également être protégés, notamment ceux des éleveurs de bétail qui doivent traverser la route pour se rendre aux pâturages et aux points d’eau.

En 2021, le consortium dirigeant l’expansion de l’autoroute a sollicité la collaboration de WSP afin d’évaluer de manière exhaustive l’impacts du corridor routier sur la biodiversité, les activités économiques et les dynamiques sociales. Le rôle de WSP s’est étendu bien au-delà de la résolution des problèmes, pour englober l’élaboration de plans proactifs visant à minimiser les effets négatifs potentiels, en s’appuyant sur un engagement en faveur de pratiques responsables et durables dès le début du projet.

Comme le projet s’insère dans un contexte de biodiversité complexe, abritant une variété de grands mammifères, dont des espèces menacées comme la girafe massaï et la girafe de Nubie, ainsi que de nombreuses autres espèces africaines emblématiques, comme les lions, les buffles, les zèbres et les hippopotames, WSP a dû élaborer un plan de travail solide qui repose sur l’adaptabilité, l’innovation et la collaboration pour traiter adéquatement les enjeux de biodiversité, représentant une pratique exemplaire en matière d’évaluation des impacts pour les projets d’infrastructures linéaires.

Maya Brennan Jacot Spécialiste en biodiversité 

Comprendre le contexte environnemental, social et économique 

Pour comprendre les impacts potentiels, une étude d’impact environnemental et social (EIES) et un système de gestion environnementale et sociale (SGES) ont été mis au point conformément aux lois du Kenya et aux normes de performance de la Société financière internationale.

Pour ce faire, WSP a tout d’abord examiné les conditions existantes.

Pièges photographiques: Sur une période de six mois, l’équipe a étudié les déplacements et les habitudes de la faune à l’aide de 50 caméras stratégiquement installées dans les zones où les populations animales sont nombreuses. Ces caméras captaient automatiquement des images toutes les 15 minutes. Ces images étaient ensuite transmises par le réseau de téléphonie mobile. L’équipe pouvait contrôler et ajuster les réglages des caméras à distance.

Analyse de mégadonnées et innovation: Un nombre impressionnant de 642 291 images ont été captées, chacune classée par lieu et par date. La gestion d’une telle quantité de données, en particulier l’identification des animaux sur les images, a représenté un défi de taille. L’équipe d’innovation et de recherche et développement de WSP a joué un rôle central pour relever ce défi. Les images ont été rassemblées sur un portail dédié, hébergé sur les serveurs de WSP, et un système s’appuyant sur l’intelligence artificielle (IA) pour identifier les animaux sur les photos a été conçu. En raison de leur vulnérabilité aux collisions avec des véhicules, et pour des raisons de conservation, l’IA a été axée sur l’identification de quatre espèces : le buffle d’Afrique, la girafe, le zèbre des plaines et la hyène tachetée.

Modélisation de la connectivité: Nos efforts visaient principalement à protéger les animaux sauvages qui traversent la route contre les risques de blessures ou de décès. L’installation de clôtures de part et d’autre aurait pu répondre à cette préoccupation, mais elle présentait des risques supplémentaires pour la faune, notamment en ce qui a trait à la continuité de l’habitat.

Dans de nombreuses régions du monde, y compris au Kenya, le développement humain empiète sur des territoires historiquement sauvages, mettant la faune à risque. Cette situation a entraîné une réduction des habitats fauniques, et le blocage de voies de déplacement vitales pour la faune. Par conséquent, il est essentiel de comprendre la connectivité, c’est-à-dire la façon dont les animaux se déplacent entre les différentes parties de leur habitat, pour assurer la protection de la faune. WSP a tiré parti de la modélisation informatique pour délimiter les zones d’habitat de qualité, permettant d’identifier les habitats clés de diverses espèces. Ces données ont ensuite été utilisées pour cartographier les axes de connectivité essentiels, cruciaux pour la conservation de la faune.

Qualité de l’habitat

Source: Lechner, Tiang and Ang

Habitat CLÉ

Étape 1b : Connectivité

À partir des recherches approfondies de l’équipe, WSP a élaboré un plan d’atténuation des impacts sur la faune et un plan d’action pour la biodiversité visant à entraîner aucune perte nette et à obtenir un gain net de la connectivité. Ces plans ont été conçus pour gérer de manière adaptative les impacts du projet et garantir des résultats positifs pour la biodiversité.

WSP a également ciblé les endroits où l’expansion de l’autoroute pourrait avoir un impact sur la connectivité de l’habitat et a recommandé l’installation de passages fauniques sur l’autoroute. Ces passages, qui comprennent des ponts d’étagement et des voies sous la route, ont été proposés afin de réduire au minimum les perturbations pour la faune.

Le succès de cette initiative a reposé sur la collaboration entre les spécialistes et l’engagement des parties prenantes. La consultation des communautés locales a été déterminante pour comprendre les impacts sur la biodiversité et identifier les mesures d’atténuation, mais aussi pour comprendre les changements économiques potentiels le long du corridor, comme les répercussions sur les éleveurs de bétail.

Les méthodologies appliquées dans l’élaboration de l’EIES et des documents associés fournissent des indications précieuses pour les projets ultérieurs. Ce projet a notamment démontré la capacité d’utiliser des méthodes statistiques pour quantifier la connectivité, même dans des territoires où peu de données officielles sont disponibles. Il s’impose comme une référence pour les évaluations d’impact de projets d’infrastructures linéaires dans les pays en voie de développement et établit les meilleures pratiques exemplaires dont les futurs projets devraient s’inspirer.

LONGUEUR DE L’EXPANSION DE L'AUTOROUTE

175 Km 175 Km

installées stratégiquement

50 Caméras 50 Caméras

IMAGES CAPTURÉES

642,291 642,291

Ce qui distingue ce projet

Approche exhaustive pour la protection de la faune

Ceci inclut l'installation stratégique de pièges photographiques, une analyse approfondie des données utilisant des techniques innovantes comme l'IA, et l'élaboration d’un plan d'atténuation des impacts sur la faune et d’un plan d'action pour la biodiversité. En donnant la priorité à la conservation de la faune, le projet établit une référence pour les futurs projets d'infrastructure dans des environnements similaires.

Modélisation de la connectivité innovante

Ce projet utilise la modélisation informatique pour identifier les habitats de qualité et les habitats clés de différentes espèces, assurant ainsi une conservation efficace de la faune. Cela établit une nouvelle norme pour l’atténuation de l'impact des projets d'infrastructure sur la connectivité de la faune.

Engagement avec les communautés et les parties prenantes locales

Cette approche fournit des informations précieuses sur les impacts liés à la biodiversité et prend en compte les changements économiques potentiels le long du corridor. En répondant aux besoins et aux préoccupations de toutes les parties prenantes, le projet établit les meilleures pratiques pour des initiatives similaires.