Environ trois milliards de personnes comptent sur les poissons de mer comme source alimentaire. Cette demande a entraîné une surexploitation et provoqué l’accroissement de la pisciculture. De plus, l’industrie de l’aquaculture contribue à accroître davantage la demande en poissons sauvages, puisque 20 % de tous ceux qui sont pêchés sont utilisés pour nourrir les poissons d’élevage et que 75 % de toute l’huile de poisson produite sert également à cette fin.
L’offre limitée de l’huile de poisson alliée à la demande croissante en fruits de mer ont rendu extrêmement difficile l’approvisionnement en acides gras oméga-3 riches en AEP et en DHA extraits du saumon, dont les populations ont chuté de plus de moitié au cours de la dernière décennie.
En 2013, Evonik et Royal DSM ont tenté de régler ce problème en mettant sur pied Veramaris, une coentreprise détenue à parts égales par les deux entreprises et ayant comme objectif de produire de l’oméga-3 riche en AEP et en DHA grâce à la fermentation d’algues marines naturelles à échelle industrielle. Quatre ans plus tard, Veramaris nous a octroyé un contrat de conception détaillée et de gestion de la construction d’une valeur de 200 M$ pour la mise sur pied d’installations de production d’acides gras oméga-3 à une échelle commerciale à Blair, dans l’État du Nebraska (États-Unis).
Dans le cadre du projet Green Ocean, notre équipe a apporté des modifications à un site d’exploitation existant et a réalisé la conception détaillée d’un site destiné à la séparation et à la purification de l’oméga-3.
En utilisant une technologie et des microbes à fermentation de pointe, on obtient un produit naturel et durable idéal pour l’industrie de l’alimentation animale. En outre, grâce à la production d’huile d’algues riche en oméga-3, il n’est plus nécessaire d’extraire ce nutriment des saumons sauvages, ce qui permet de préserver la biodiversité naturelle de nos océans et d’alléger la pression sur les populations de saumon sauvage.
La capacité de production d’acides gras oméga-3 riches en EPA et en ADH de l’usine de Veramaris est équivalente à celle obtenue grâce à 1,2 million de tonnes de poissons sauvages. Pour mettre ce chiffre en perspective, il faut savoir que, dans toute la Méditerranée, de l’Espagne à l’extrême ouest à Israël à l’extrême est, environ 800 000 tonnes de poissons sont pêchées chaque année. C’est donc dire, hypothétiquement parlant, que Veramaris contribue à contrebalancer les activités de pêche annuelles en Méditerranée.
Plusieurs facteurs ont positionné notre équipe sur la voie du succès, notamment notre solide culture de sécurité, notre bilan sans pareil à l’égard des projets d’ingénierie, d’approvisionnement et de gestion de la construction de grande envergure et notre connaissance des processus de fermentation et de biotechnologie. Le projet Green Ocean a été réalisé dans le respect du budget et des échéanciers en avril 2019 et représente une voie durable pour le secteur de l’aquaculture.