Ces dernières années, on a conçu des stratégies de transport vertical permettant de réduire la consommation d’énergie. Par exemple, les tout nouveaux ascenseurs sont dotés de dispositifs de mesure de charge électroniques beaucoup plus précis, qui analysent la pression sur certains composants afin d’utiliser au minimum le couple du moteur pour déplacer le poids dans la cabine. Une autre stratégie misant sur l’efficacité consiste à mieux gérer les usagers. Le système de répartition des appels d’ascenseurs, par exemple, nécessite que l’usager présente sa carte magnétique au point d’entrée rapide du hall ou au dispositif de contrôle de l’ascenseur. Le système sait à quel étage l’usager s’en va, il lui appelle un ascenseur et lui indique la cabine dans laquelle il doit monter. L’avantage, c’est que tout se fait absolument sans contact. Or, l’efficacité pose problème, car elle va à l’encontre des principes de distanciation physique. Le système de répartition des appels regroupe les gens qui vont au même étage ou à des étages successifs pour que l’ascenseur fasse moins d’arrêts tout en transportant un plus grand nombre de personnes. Cela a deux incidences : l’augmentation du taux d’occupation des ascenseurs et le regroupement des usagers à un point d’entrée du hall en particulier, ce qui nuit à la distanciation physique. L’équipe de WSP chargée du transport vertical travaille avec les équipes de recherche et de développement des fournisseurs d’ascenseurs pour trouver des solutions qui réduiront la sensibilité et l’efficacité de ces systèmes de contrôle et permettront de répartir moins de passagers par ascenseur.
Les fabricants d’ascenseurs peuvent-ils reconfigurer ou désactiver les systèmes de contrôle ou réinitialiser les dispositifs de mesure de charge?
Pour le moment, nous ne savons pas dans quelle mesure il est aisé de le faire. Les bureaux qui utilisent ces systèmes de contrôle complexes devront peut-être désigner temporairement un concierge qui sera stationné devant le point d’accès rapide ou les tourniquets pour limiter le flux des personnes dans le hall attenant aux ascenseurs afin de gérer l’encombrement en période de pointe. Chaque locataire pourra contrôler le hall de son étage, mais il sera tout de même essentiel de configurer les algorithmes du système pour que l’ascenseur ne s’arrête pas à d’autres étages pour faire entrer plus de personnes.
Après la pandémie, les gens pourraient encore être réticents à utiliser les ascenseurs.
Grâce aux progrès de la technologie intelligente pour les bâtiments et les téléphones mobiles, il existe déjà des solutions qui évitent d’avoir à toucher les boutons de commande des ascenseurs. Par exemple, les capteurs d’un bâtiment résidentiel peuvent indiquer au système qu’un résident semble s’approcher de l’ascenseur, ce qui permet d’envoyer un ascenseur à son étage.
Grâce aux nouvelles technologies sur le marché, nous n’aurions presque plus à toucher quoi que ce soit.
Dans les bâtiments intelligents, les usagers pourraient porter des porte-clés ou des télécommandes connectés au système de sécurité qui permettraient de suivre leurs mouvements. Ainsi, les capteurs dans les halls détecteraient que vous avez tourné à gauche en direction des ascenseurs, et le système vous enverrait un ascenseur. De nombreux dispositifs de sécurité prennent désormais en charge les télécommandes virtuelles en interagissant avec votre téléphone ou d’autres appareils intelligents. On pourrait éventuellement aller plus loin en permettant aux employeurs de planifier l’heure d’arrivée de leurs employés à l’ascenseur afin de mieux répartir la demande en période de pointe. Cette stratégie pourrait être idéale pour les grandes entreprises commerciales qui louent plusieurs étages d’un bâtiment, car cela leur permettrait de mieux maitriser le taux d’occupation des ascenseurs. La grande question est de savoir si les gens veulent réellement que leur téléphone contrôle leur vie à ce point. Voulez-vous que votre téléphone mobile permette de vous géolocaliser et qu’il partage ce type d’information avec le système du bâtiment? C’est un tout autre débat.
Les escaliers pourraient occuper une place plus importante dans les bâtiments.
Les escaliers sont, par définition, des espaces plus ouverts que les ascenseurs et ils offrent une meilleure visibilité, ce qui facilite la distanciation sociale. Leur utilisation appuie également les stratégies de bien-être en incitant les gens à faire plus d’exercice physique. Or, il y a une limite au nombre d’étages qu’il est possible de demander à quelqu’un de monter à pied. D’après les normes de l’industrie, quand les gens travaillent au deuxième étage d’un immeuble, ils sont 90 % à prendre l’escalier. À partir du troisième étage, ils ne sont plus que 50 % à le faire et à partir du quatrième, plus que 25 %. Au-delà du quatrième niveau, pour se rendre aux étages supérieurs, ils utilisent uniquement les ascenseurs. Les employeurs qui louent plusieurs étages d’un bâtiment commercial doivent s’assurer que leurs employés ont facilement accès aux escaliers pour se déplacer au sein des étages loués par leur entreprise. Tout comme les boutons d’ascenseur, les rampes d’escalier seront probablement des surfaces fréquemment touchées par les usagers. Il faudra donc davantage les nettoyer en plus d’installer des distributeurs de désinfectant pour les mains aux points d’entrée et de sortie.
À plus long terme, il est peu probable que nous concevions des bâtiments en prévoyant des espaces de 20 m2 par personne pour respecter les mesures de distanciation physique.
Pour qu’un immeuble soit rentable d’un point de vue commercial, les activités de location doivent correspondre à l’analyse de rentabilité du bâtiment et donc permettre d’accueillir un certain nombre de personnes. Pour concevoir un grand bâtiment fonctionnel, il faut limiter autant que possible le volume total réservé aux ascenseurs. Il s’agit toujours de trouver le bon équilibre entre l’espace utilisé par l’ascenseur et sa performance. Dans les très grands bâtiments, on utilise déjà des cabines à deux étages pour augmenter la capacité des ascenseurs sans occuper d’espace supplémentaire, et des systèmes basés sur des algorithmes permettent de les gérer efficacement. Même si l’on modifie la forme et les dimensions des bâtiments, les usagers devront tout de même être assez nombreux pour que l’utilisation du bâtiment soit financièrement rentable. Il sera essentiel de déterminer le volume d’espace qu’il sera acceptable d’allouer à chaque personne dans le bâtiment et à chaque usager dans l’ascenseur. Cela pourrait vouloir dire que les futurs bâtiments seront conçus pour accueillir moins de personnes, et ce, sans que leurs dimensions soient réduites, et qu’ils seront dotés d’ascenseurs plus spacieux offrant davantage d’espace individuel.