Système de gestion des eaux pluviales de l’autoroute Manawatū Tararua

Le projet de l’autoroute Manawatū Tararua, aussi appelée Te Ahu a Turanga, est un projet d’infrastructure routière complexe de grande envergure qui offrira une liaison routière régionale majeure entre Tararua et Manawatū en Nouvelle-Zélande. WSP a combiné les principes de construction et les pratiques exemplaires en matière de gestion des eaux pluviales à une approche de conception en partenariat avec le peuple iwi  – tout en ayant recours à des outils de communication issus de la technologie numérique – afin de proposer des solutions pour la gestion des eaux pluviales qui respecteront le paysage environnant. 

La solution proposée consiste à mettre en place un nouveau système comprenant 40 ponceaux, 10 ponts, 12 zones humides, 5 km de cours d’eau aménagés et 20 km de canaux ouverts le long de la nouvelle autoroute de 11,5 km. L’ensemble met de l’avant à la fois les valeurs Te Ao Māori (valeurs maories) et les pratiques de conception urbaine tenant compte de l’importance des cours d’eau.

Notre solution

La gorge de Manawatū est une vallée fluviale qui s’écoule entre les monts Ruahine et Tararua, dans la région sud de l’île du Nord. La portion de la route nationale 3, qui traverse la gorge de Manawatū, offre une liaison importante de l’est vers l’ouest, entre la baie d’Hawke et Wairarapa à l’est, et entre Horowhenua et Manawatū vers l’ouest. Cette liaison a joué un rôle important dans le développement de la région depuis sa construction en 1872. La fermeture permanente de la route nationale 3 traversant la gorge de Manawatū a eu lieu en 2017, en raison des éboulements fréquents et du mouvement constant des plaques tectoniques.

L’agence de transport Waka Kotahi a donc décidé de remplacer la route par une autoroute de 11,5 km, qui devrait être achevée en 2024. La route sera également dotée d’un sentier polyvalent séparé et réservé aux piétons et aux cyclistes. Le projet d’autoroute à quatre voies prévoit 10 structures de pont qui enjamberont des affluents de la rivière Manawatu, mais celles-ci pourraient avoir d’importantes répercussions sur l’environnement. Il s’agit en effet d’un environnement dangereux, qui présente une topographie abrupte, des risques élevés de précipitations, des problèmes d’inondation et d’érosion, sans parler de nombreux cours d’eau à forte pente.

WSP a obtenu le mandat d’entreprendre les services de conception hydraulique et de gestion des eaux pluviales pour le nouveau tracé de la route. L’un des principaux enjeux en matière de conception comprenait la nécessité de mener en parallèle un processus de conception et de consentement, dans le contexte d’un projet hautement complexe. La proximité du parc éolien de Te Āpiti et la topographie abrupte représentent également des défis importants. Étant donné le caractère escarpé du terrain et la présence de remblais élevés, WSP a dû faire preuve d’innovation pour élaborer de nombreux éléments de conception, en recourant notamment à la méthode de tranchée induite et à un système de dissipation de l’énergie pour certains ponceaux.

Dans le cadre du partenariat d’alliance, WSP a mis en œuvre des pratiques exemplaires de conception pour rehausser les avantages environnementaux, culturels et sociaux du projet. Les pratiques de conception urbaine tenant compte de l’importance de l’eau, ainsi que des valeurs et principes Te Ao Māori, ont été intégrées tout au long du projet, notamment dans la conception du système de gestion des eaux pluviales, en collaboration avec les partenaires iwi. Le projet est une avancée majeure pour Waka Kotahi, car il repose sur la reconnaissance du Te Tiriti o Waitangi (le traité de Waitangi) et sur les valeurs Te Ao Māori. Des représentants de chaque groupe iwi ont d’ailleurs siégé au conseil de l’alliance qui gérait le projet.

Les valeurs Māori qui ont influencé la conception de la gestion des eaux pluviales comprennent le ki uta ki tai (approche de la montagne à la mer), la reconnaissance du whakapapa (généalogie) des affluents de la rivière Manawatū (adoption d’une approche globale du bassin versant) et la kaitiakitanga (tutelle), réalisée par la protection et l’amélioration des environnements sensibles.

La conception du système de gestion des eaux pluviales aborde ces considérations culturelles en protégeant les cours d’eau et les zones humides de grande valeur, en assurant l’intégration au paysage environnant, en séparant l’eau propre (waimāori) de l’eau sale (waikino), en favorisant le passage des poissons, en réduisant au minimum les perturbations liées à la construction, en mettant l’accent sur les plantations indigènes et en traitant naturellement les eaux de ruissellement des routes. Des indicateurs culturels de la santé environnementale ont été élaborés, qui seront évalués tout au long de la construction.

L’approche de WSP, qui respecte les aspects culturels de la région et les intègre à la conception, permettra de réaliser le projet tout en réduisant au minimum les répercussions sur le paysage environnant. Nous avons proposé 40 ponceaux, 12 zones humides, 8 noues engazonnées en zone humide, 5 km de cours d’eau aménagés, un réseau de drainage de 9 km ainsi que 20 km de canaux et de tranchées de drainage ouverts non seulement pour soutenir la construction de la route, mais aussi pour entretenir et améliorer le « te Mauri o te Wai » – soit la capacité de l’eau à entretenir la vie.

Pour appuyer la participation et la consultation étendues de la communauté sur ce projet, l’équipe de projet a utilisé des outils numériques novateurs permettant la visualisation et facilitant la communication, incluant la modélisation des données du bâtiment (BIM), la modélisation 3D, la modélisation hydraulique et la réalité virtuelle. Ces outils améliorent la communication avec les différents intervenants sur la conception de l’autoroute et ses enjeux, et contribuent à faire adhérer la communauté à ce projet de grande envergure dans leur région. L’utilisation de technologies numériques novatrices a facilité la gestion et la conception de ce projet hautement complexe et aux multiples facettes.

Avec la construction de l’autoroute Manawatū Tararua, une liaison essentielle, qui répond aux besoins des communautés, des voyageurs et des entreprises à travers l’île du Nord, sera restaurée. En améliorant la sécurité routière et les échanges entre les villes de Palmerston North et Woodville, les travaux permettront aussi de soutenir le développement et les activités régionales.

Le projet de construction de l’autoroute Manawatū Turanga est une excellente occasion de remettre les communautés en contact  tout en livrant des résultats sécuritaires et efficaces. Grâce au respect du paysage environnant et à la conception collaborative – faisant participer le peuple iwi et les valeurs Te Ao Māori –, ce projet est à même de rehausser la visibilité de la culture maorie dans le secteur et a valeur d’exemple, puisqu’il prend en compte à la fois les considérations environnementales et culturelles.

Faits

Au milieu de la gorge de Manawatū se trouve un grand rocher rouge appelé Te Ahu a Turanga, qui est considéré comme étant tapu (sacré). Traditionnellement, un Māori navigant le long de la rivière en canoë fait une karakia (une prière) en passant à côté de ce rocher, qui est le gardien de la région de Manawatū. Selon la légende, même durant les pires inondations, le rocher Te Ahu a Turanga n’est jamais submergé.