Une crise liée à l’eau s’annonce en Afrique du Sud
En Afrique du Sud, par exemple, cette pression se fait déjà sentir. L’accroissement de la population et l’urbanisation rapide, qui entraînent une déforestation et une demande accrue en eau, mettent l’approvisionnement du pays à rude épreuve. Si on ajoute les besoins en eau des secteurs minier et industriel, la nécessité d’une intendance de l’eau responsable devient évidente. L’Afrique du Sud étant classée comme un pays semi-aride, cette demande sur les systèmes d’approvisionnement en eau déjà limités contribue à la menace d’une pénurie d’eau au pays.
L’exploitation minière étant un secteur essentiel à l’économie nationale — il compte pour environ 8 % du PIB et procure des emplois directs à environ un demi-million de personnes selon le Boston Consulting Group (en anglais seulement), les mines doivent pouvoir fonctionner de manière optimale. Bien que l’industrie minière utilise moins de 3 % de l’approvisionnement national en eau, c’est l’une des plus importantes au pays. En accordant la priorité à une utilisation responsable de l’eau, elle peut donc engendrer des effets très positifs.
Tenir compte des pressions pour une réduction de la consommation
L’eau est une ressource essentielle à la survie de tous les humains. Une mauvaise gestion de l’eau a des répercussions importantes sur l’environnement et les communautés voisines. Elle affecte également négativement la réputation des entreprises et a un effet néfaste sur les rapports environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG).
En omettant de mettre en œuvre une gestion efficace de l’eau et de devenir un intendant responsable, les entreprises s’exposent à des conséquences financières. Les sociétés minières doivent démontrer qu’elles pratiquent une gestion responsable de l’eau pour accéder aux fonds nécessaires au développement de nouveaux projets et à l’expansion d’activités existantes. De plus, les investisseurs sont davantage soucieux de l’environnement et souhaitent investir dans des entreprises qui partagent leurs valeurs.
Les sociétés minières doivent donc examiner et mettre en œuvre des mesures visant à réduire leur dépendance à l’égard de sources d’eau extérieures, tout en maintenant leurs activités à court et à long terme.
Pour devenir un intendant responsable de l’eau, il est essentiel de s’engager envers une gestion efficace de cette ressource.
Cinq principes pour une stratégie de gestion de l’eau efficace :
1. Quantifier les volumes
Pour quantifier l’état hydrique actuel d’une mine, il faut avant tout avoir un réseau de surveillance et un dépôt central pour les données. C’est le premier pas vers une gestion efficace des ressources hydriques. La surveillance des écoulements sur le terrain est souvent axée sur les cours d’eau auxquels des coûts sont associés ou qui sont liés, par exemple, à des exigences réglementaires, à l’approvisionnement en eau d’une municipalité ou au captage d’eau dans une rivière. Bien que la réutilisation et le recyclage interne de l’eau et les transferts entre bassins ne soient souvent pas mesurés, car aucune exigence réglementaire ou financière n’y est associée, nous recommandons qu’ils le soient. Ce faisant, vous aurez une vue complète de la situation et des données plus précises pour établir des rapports, planifier et prendre des décisions en toute connaissance de cause.
2. Connaître l’état hydrique
La clé d’une stratégie de gestion de l’eau efficace, c’est de connaître l’état hydrique. Les sociétés minières doivent suivre les tendances et comprendre comment l’eau est perdue dans un système, où elle va, et quel volume est utilisé. Ces mesures peuvent servir à cerner les domaines d’amélioration. Les initiatives de conservation et de gestion de l’eau peuvent être mises en œuvre seulement si un portrait clair de la situation a été établi. Il faut d’abord comprendre d’où provient l’eau, comment elle est utilisée, et en quelle quantité.
3. Modéliser la gestion de l’eau sur le site
Après avoir mis en place le réseau de surveillance des écoulements, la mine doit investir dans un modèle fonctionnel et dynamique de bilan hydrique et salin. Cette importante recommandation permettra de quantifier les entrées, les sorties et le stockage de l’eau dans le système sur une période donnée, de comprendre les processus hydrologiques clés (climat, ruissellement, etc.), de prévoir la disponibilité de l’eau et de gérer efficacement les ressources. Il est essentiel de bien comprendre l’environnement et le bassin versant attenants à une mine pour prendre la pleine mesure des risques et des occasions associés à l’approvisionnement en eau pour une opération donnée. Tout cela peut être pris en compte dans le modèle de bilan hydrique. Le bilan salin permettra de quantifier les charges de contaminants pertinents afin d’évaluer les répercussions sur la qualité de l’eau et de faire état de l’utilisation de l’eau en fonction des besoins.
4. Optimiser et cibler des occasions
Une étude réalisée afin de savoir si l’utilisation de l’eau est adaptée aux objectifs peut indiquer des occasions de réduire la consommation d’eau et des façons plus efficaces de la réutiliser et de la recycler sur un site. Lorsque nos équipes réalisent une telle étude, nous ciblons toutes les sources d’eau disponibles, tant au point de vue de la qualité que de la quantité. Par exemple, nous examinons les infiltrations des eaux souterraines dans les chantiers miniers, les précipitations et le ruissellement captés dans les zones contaminées, l’eau prélevée d’une ressource naturelle (p. ex., une rivière ou un barrage) pour une utilisation sur le site, ainsi que l’eau récupérée des parcs à résidus miniers et des processus de traitement. Nous dressons ensuite la liste de toutes les utilisations et réexaminons la qualité requise ainsi que les contraintes qui y sont liées.
Nous évaluons ces utilisations par rapport à l’eau disponible, en tenant compte de l’aménagement du site et des variations saisonnières, afin de recommander des endroits où réutiliser l’eau sur le site et des moyens d’y parvenir. Cette façon de faire s’est révélée efficace pour réduire la consommation d’eau douce et, dans certains cas, réduire le volume d’eau à traiter et par conséquent, les coûts de traitement.
Une autre approche clé de la gestion de l’eau consiste à empêcher que l’eau souillée ne se mêle à l’eau propre en procédant à un assèchement actif, à la séparation de l’eau propre de l’eau sale et à une réhabilitation continue. Grâce à cette approche, les sites rejettent de l’eau plus propre dans l’environnement, et cette dernière est disponible pour d’autres utilisateurs dans le bassin versant.
5. Prendre en compte la fermeture des mines
Enfin, il serait avantageux pour les mines d’adopter une approche de la gestion de l’eau fondée sur le cycle de vie complet, qui intègre les considérations liées aux phases de fermeture et post-fermeture. Lorsque la fermeture d’une mine est imminente, et qu’aucune approche d’intendance de l’eau n’a été suivie, il y a deux risques potentiels. Le premier est un risque financier important associé à la réhabilitation rétroactive des zones touchées. Le deuxième est un risque de retard de fermeture et d’obtention de la certification. En effet, la mise en œuvre de procédures et de protocoles récents, requise pour satisfaire aux exigences réglementaires et aux spécifications de fermeture, nécessite plus de temps.
Progrès réalisés à ce jour
Nous pouvons nous inspirer de plusieurs initiatives d’économie d’eau qui sont actuellement mises en œuvre à l’échelle locale. Par exemple, certaines mines mettent en place des processus de traitement des rivières secondaires, qui permettent une meilleure réutilisation des cours d’eau contaminés par la mine. Une autre initiative vise à améliorer le contrôle de la densité des épaississeurs de résidus.
Avec une meilleure compréhension des paramètres hydriques pertinents, des volumes d’eaux prélevées et des initiatives de réduction, et en mettant davantage l’accent sur la réutilisation, le recyclage et l’utilisation rationnelle de l’eau, les sociétés minières peuvent mieux cibler des façons d’économiser l’eau.
Quelle que soit l’approche adoptée par les sociétés minières, l’exploitation minière et l’eau sont toutes deux essentielles à la prospérité et à la croissance du continent africain. Les sociétés minières se trouvent dans une position unique : elles ont le pouvoir de favoriser une intendance de l’eau responsable et d’établir un précédent que d’autres industries pourront adopter.