Le Canada est sur le point d’adopter, lors de la COP15, de nouveaux objectifs en matière de protection et de restauration de ses écosystèmes naturels. Il est toutefois de sa responsabilité d’envisager comment protéger la biodiversité, tout en honorant ses engagements envers la consultation des communautés et groupes autochtones et l’établissement de relations avec eux.
En 2015, la Commission de vérité et réconciliation du Canada (CVR) a publié 94 appels à l’action pour favoriser la réconciliation entre les Canadiens et les peuples autochtones. L’appel à l’action 92 (en anglais seulement) invite le secteur des entreprises du Canada à « s’engager à tenir des consultations significatives, établir des relations respectueuses et obtenir le consentement libre, préalable et éclairé des peuples autochtones avant de lancer des projets de développement économique ». Depuis la publication de ce rapport, plusieurs acteurs canadiens de cette industrie ont entrepris d’établir de telles relations et de mieux comprendre en quoi consistent des consultations significatives. C’est grâce à ces efforts qu’il est possible d’apprécier la valeur intrinsèque que ces relations permettent de conférer aux projets.
En vertu de la loi, les gouvernements fédéral et provinciaux du Canada ont l’obligation de consulter et, s’il y a lieu, d’accommoder les peuples autochtones. Ils sont donc tenus de prendre en considération l’opinion de ces derniers lorsqu’ils envisagent des mesures ou décisions susceptibles de les affecter, et de modifier de telles mesures afin de prévenir toute atteinte illicite à leurs droits lorsque nécessaire et faisable.
Les communautés et groupes autochtones peuvent apporter à nos projets de biodiversité une perspective intéressante et jusqu’ici négligée. Ils possèdent bien souvent des connaissances écologiques traditionnelles liées à la biodiversité qu’ils sont heureux de partager avec les autres. Ces connaissances contribuent à renforcer les résultats scientifiques obtenus et aident les promoteurs de projets et les organismes de régulation à prendre des décisions plus éclairées en matière de gestion des ressources naturelles. Parmi les exemples de connaissances écologiques traditionnelles, on peut citer la compréhension de l’évolution de l’abondance ou de la répartition d’une espèce sauvage au fil du temps. Voilà pourquoi les communautés autochtones, et les perspectives qu’elles apportent, ont un rôle important à jouer dans les efforts du gouvernement du Canada, alors qu’il cherche à investir davantage dans la protection et la restauration de la biodiversité du pays.
Un engagement porteur de sens
Pour permettre des consultations significatives qui mèneront aux meilleurs résultats possibles, il est essentiel d’impliquer les communautés et groupes autochtones tôt dans le cycle de vie des projets d’exploitation des ressources naturelles et de développement économique. Cette participation doit se traduire par un échange d’idées et de connaissances, ainsi que par le déploiement, de la part de toutes les parties, d’un effort sincère envers l’intégration des informations partagées par les peuples autochtones aux résultats du projet. En effet, les conclusions concernant les répercussions du projet sur la biodiversité ainsi que sur les communautés autochtones se doivent de porter la marque des expériences vécues par ces dernières. Grâce à cette approche, il est possible d’établir des relations plus authentiques avec les communautés et de parvenir à une compréhension plus scientifiquement défendable de l’environnement naturel.
Chez WSP, nous observons déjà la réussite de cette approche quant à la protection de la biodiversité et constatons les avantages que l’accès aux connaissances autochtones peut apporter aux projets de restauration des habitats. À titre d’exemple, les employés de WSP ont collaboré avec un promoteur afin d’obtenir un certificat d’évaluation environnementale en vertu de la Loi sur les évaluations environnementales de la Colombie-Britannique (en anglais seulement), dans le cadre d’un projet de mise en place d’un terminal méthanier sur le fleuve Fraser. Lors des consultations, les membres de la communauté autochtone ont mentionné à l’équipe de projet que l’emplacement envisagé pour le terminal était susceptible de présenter des habitats de fraie adéquats pour une espèce de poisson-fourrage (l’eulachon) qui revêt une grande importance culturelle pour les populations autochtones de la région.
Suite à cette nouvelle, les biologistes de WSP ont travaillé avec les Autochtones pour élaborer et mettre en œuvre une étude scientifique visant à évaluer la présence d’habitats de fraie de l’eulachon au sein de la zone projetée et d’ainsi déterminer des mesures d’atténuation et d’évitement potentielles. Les résultats de l’étude ont révélé qu’il était peu probable que la zone contienne des habitats appropriés, puisque plusieurs caractéristiques clés importantes pour la fraie manquaient au site. Depuis cette étude, le client a recentré ses efforts sur une étude dirigée par les Autochtones, dont l’objectif est de cibler d’autres sites propices à la reproduction de l’eulachon sur le fleuve Fraser et d’ainsi pouvoir prioriser la protection ou la restauration de ces habitats.
Cet exemple illustre bien comment la collaboration avec les communautés autochtones peut renforcer notre compréhension de l’environnement naturel et orienter les efforts de protection et de restauration. Bien que le processus de consultation ne soit pas parfait et qu’il n’existe aucune stratégie universelle assurant la réussite, ces expériences de projet peuvent nous aider à perfectionner notre approche quant à l’établissement de relations avec les peuples autochtones et nous permettre de constater par nous-mêmes les avantages qu’offre une telle collaboration.
Tandis que le Canada concentre ses efforts sur la protection et la restauration de la biodiversité, que ce soit par la mise à jour de sa Stratégie canadienne de la biodiversité désuète (publiée pour la première fois en 1995) ou l’élaboration d’un tout nouveau cadre de la biodiversité, il est important que l’approche que nous adopterons pour aller de l’avant tienne compte des questions qui sont importantes aux yeux des Canadiens et Canadiennes. Cela implique non seulement de renforcer la résilience du pays face aux catastrophes et aux défis environnementaux, y compris ceux liés aux changements climatiques, mais aussi d’accroître la résilience sociale des communautés historiquement sous-représentées.