* Cet article a initialement été publié par ReNew Canada (en anglais).
Dans un pays parsemé de centaines de communautés isolées, il est difficile de planifier une transition énergétique qui ne laisse personne de côté. Mais devant l’intérêt national et mondial pour la carboneutralité, il est essentiel de s’assurer que les communautés, où qu’elles soient, disposent du même niveau d’accès à un approvisionnement sécuritaire et fiable en énergie propre.
La question, bien sûr, est de savoir comment. Comment pouvons-nous accorder le même niveau de priorité aux communautés de 50 habitants et à celles de 500 000 habitants? Comment pouvons-nous soutenir toutes les technologies et les innovations d’énergie verte? Comment pouvons-nous trancher qui obtient quoi, et quand? Là est le défi d’une transition énergétique juste, un défi qui doit être relevé.
Sans transition juste, les communautés à faible revenu seront peut-être responsables d’une émission moindre, mais elles pourraient s’exposer au déséquilibre du fardeau de l’impact des changements climatiques.
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Comprendre le contexte canadien
Le Canada a la chance de pouvoir compter sur des ressources naturelles propres et diversifiées qui contribuent à la production d’énergie propre. À l’heure actuelle, nous avons un réseau relativement fiable et propre, mais certaines régions au pays ont encore besoin d’accéder à une énergie verte ou reconnaissent le besoin d’énergie additionnelle pour répondre aux demandes d’électrification futures.
Pour tracer une voie vers la transition énergétique juste, nous devons nous attarder aux endroits où les combustibles fossiles sont utilisés pour générer de l’énergie et comprendre les occasions de retirer les ressources émettrices de carbone, et à quel moment les retirer.
Les ressources gazières et pétrolières sont répandues partout au Canada. Elles ont été indispensables pour alimenter le pays en énergie, et bon nombre de ses entreprises, de ses activités et de sa mobilité depuis des décennies. Le pétrole a été utilisé partout au Canada, et vendu aux marchés étrangers, tandis que le gaz naturel a permis de soutenir les réseaux énergétiques aux fins de production d’électricité et de chauffage, plus particulièrement. Le diesel a été la principale source d’énergie des communautés isolées du Canada, à raison de milliers de litres acheminés par voie aérienne ou maritime aux communautés chaque année. En matière d’électricité, les sources propres comme l’hydroélectricité et l’énergie nucléaire ont permis de soutenir un réseau propre pendant des décennies. Quatre provinces n’ont pas encore complètement éliminé la production d’électricité au charbon : l’Alberta, la Saskatchewan, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Toutefois, d’ici 2040, l’énergie au charbon devrait représenter moins d’un pour cent de la production d’énergie totale au Canada.
Même si le Canada a fait beaucoup de chemin jusqu’à présent, il reste encore plusieurs défis à relever.
Par où devons-nous commencer?
En un mot, partout. Pour créer une transition qui est juste, tous les enjeux actuels doivent être abordés, et toutes les personnes concernées doivent être invitées à la discussion.
À la base, pour répondre aux demandes d’énergie et réduire les émissions, on s’attend à une hausse de l’électrification provenant de biomasse ou d’énergie éolienne, solaire, hydroélectrique et nucléaire. Aucune de ces technologies d’énergie propre ne peut à elle seule répondre à la demande totale en électricité du Canada. Il sera donc important de mettre à profit chaque technologie là où elle constitue la solution la plus viable.
Dans les secteurs où le gaz naturel demeure le carburant de référence, la technologie de captage, d’utilisation et de stockage du carbone (CUSC) viendra compléter le captage des émissions. Dans les secteurs difficiles à décarboner, et là où l’électrification pose problème, les technologies comme l’hydrogène seront mises de l’avant. La charge d’alimentation en hydrogène peut provenir de l’électricité propre ou du gaz naturel avec captage du carbone. Le gaz naturel renouvelable est aussi une option, surtout dans les régions du pays qui peuvent compter sur un volume d’approvisionnement fiable.
Il est important d’analyser chacune de ces solutions pour chaque emplacement qui utilise des carburants émetteurs de carbone. Le Canada bénéficie de ressources propres abondantes comme l’énergie éolienne, solaire et hydroélectrique, et de l’expertise technologique en matière d’hydrogène, de captage du carbone, d’énergie nucléaire et d’autres technologies émergentes. Le succès proviendra sans doute de l’adoption d’une approche régionale à la décarbonation qui tient compte de multiples critères, notamment les ressources naturelles, la terre, les talents, les répercussions sur les communautés, etc. Il sera alors plus facile d’élaborer des solutions qui placent les gens et les communautés à l’avant-plan.
L’analyse régionale est également un excellent outil de collaboration entre intervenants concernés. Vous pourrez non seulement parvenir à un consensus quant à la meilleure approche pour répondre aux besoins courants et futurs en matière d’énergie propre, mais vous rallierez aussi des partenaires non traditionnels capables de combler certaines lacunes, comme des établissements universitaires qui peuvent collaborer à l’élaboration de formations destinées au bassin de talents.
Ressources supplémentaires requises
La collaboration entre les partenaires locaux et régionaux est inestimable, mais d’autres appuis sont nécessaires pour proposer les bonnes solutions locales en vue d’une transition énergétique juste.
Trois des plus grands défis se rapportent à l’abordabilité, au rythme de la transition énergétique et au partage équitable des bienfaits. Si le coût de la transition vers l’énergie renouvelable peut être élevé, les bienfaits économiques sont considérables. La démonstration de ces bienfaits économiques ainsi que des bienfaits environnementaux au niveau de la communauté viendra appuyer toute demande en matière de financement gouvernemental. Si le secteur privé doit se mobiliser, il sera utile de savoir comment l’économie locale profitera de ces nouvelles ressources énergétiques pour déterminer si la base fiscale sera suffisamment durable pour couvrir le coût de cet actif à long terme. Si l’acquisition de l’actif n’est pas viable, le gouvernement doit intervenir pour combler le manque à gagner. C’est ainsi qu’aucune communauté ne sera laissée de côté dans la transition énergétique juste faute de solutions de financement initial ou à court terme.
Il est possible de favoriser une transition énergétique juste au Canada. En tenant compte des communautés déjà les plus touchées, en adoptant une approche régionale, en analysant les ressources d’énergie propre pratiques qui appuient cette collaboration, et en comptant sur le soutien du gouvernement pour couvrir le manque à gagner, aucune communauté ne sera laissée de côté. Le Canada profite en ce moment d’une importante occasion de prospérité économique et de vie saine sur une base durable pour tous. Alors que la transition prend forme et que l’infrastructure résiliente est mise en place, les communautés vulnérables doivent être appuyées de plans de mesures de préparation en cas d’urgence et d’adaptation aux effets des changements climatiques.
Nous devrions tous avoir accès à une énergie propre, peu importe où nous vivons. Il est temps de commencer à collaborer pour réaliser cet objectif d’un océan à l’autre.
WSP aide les entreprises, les institutions et les organisations de partout au Canada, et dans le monde, à tracer leur voie vers un avenir carboneutre.