Principes de pratiques exemplaires à l’intention des marchés écosystémiques
Au cours des récentes années, de nombreux différents acteurs se sont entendus sur les normes de réparation de la nature et la meilleure façon de tirer parti des marchés, ce qui contribue à protéger la société des coûts futurs associés aux changements climatiques. Voici quelques exemples de ces principes de pratiques exemplaires et une explication de leur importance :
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Approche holistique plutôt qu’à valeur unique – Selon les principes de marchés de la nature, publiés en octobre 2023 par le plus important organisme de bienfaisance pour la nature au Royaume-Uni, la restauration devrait viser l’amélioration de plusieurs services écosystémiques au même endroit, plutôt que de miser sur une valeur unique, plaidant contre « la plantation d’arbres pour générer des crédits de carbone s’il s’en suit une réduction de la biodiversité ».
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Les bienfaits multiples par cumul ou regroupement doivent être complémentaires – Si les projets de restauration sont conçus pour inclure de multiples services écosystémiques, les marchés doivent trouver une façon de déterminer qui sera payé pour quoi. Le cumul signifie que les crédits de carbone et liés à la biodiversité générés des mêmes activités sont vendus séparément; le regroupement signifie que les crédits sont vendus ensemble sous forme d’unité combinée. Ces concepts sont essentiels, non seulement parce qu’ils permettent la quantification de différents bienfaits de l’écosystème, mais également parce qu’ils réduisent la superficie des terres requises globalement en matière d’investissement pour la nature. Plus important, le regroupement et le cumul des crédits doivent adhérer au principe de compensation fondamental de complémentarité, prévu au principe de marchés de la nature 3 – c.-à-d. il faut démontrer de manière indépendante que chaque service d’écosystème ne pourrait être offert sans le revenu généré de la vente de ce service.
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Économie locale et régionale – Un document de travail technique publié en 2022 faisait la lumière sur un principe fondamental : les entreprises doivent avant tout traiter leurs propres répercussions sur la biodiversité localement, en évitant et en atténuant les impacts et en les compensant, avant d’investir dans des crédits de biodiversité à l’échelle régionale ou mondiale. Cette mesure importante empêche les entreprises de choisir des transactions faciles plutôt que de s’attaquer au dur labeur de traiter leurs propres répercussions négatives.
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Compenser les répercussions passées, éviter les répercussions futures – Un autre principe aborde le moment choisi pour établir l’évaluation de référence : doit-on se reporter aux données passées, présentes ou futures? Si les dégradations du passé sont difficiles à défaire, les dégradations futures de l’environnement sont de plus en plus jugées inutiles. Puisque le public tolère de moins en moins les compensations permettant (ou justifiant) les dégradations continues qui sont, en principe, évitables, certains experts suggèrent que les compensations servent uniquement à traiter les dégradations passées.
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Équivalence pour les répercussions – Les compensations devraient être équivalentes aux pertes et aux gains des écosystèmes afin d’éviter, par exemple, qu’un habitat marin soit remplacé par un habitat de montagne. Les compensations hors type, si sélectionnées, doivent être motivées sur le plan écologique ou social (p. ex., équilibrer l’injustice sociale en assurant l’accès à des espaces verts dans un milieu urbain).
Ces principes se veulent des mesures de sécurité fondamentales en cette période de prolifération rapide des marchés. Ils doivent toutefois être mis à jour au rythme de l’expérience acquise quant à ce qui génère ou non des résultats positifs pour la nature, et de l’évolution de l’opinion publique. Par exemple, à mesure que les autorités gouvernementales interviendront et dicteront des règles plus strictes, ces principes peuvent devenir moins essentiels. Il est clair que nous devons adopter une approche plus sophistiquée au financement de la réparation de la nature : la sursimplification ne permettra pas de livrer les bienfaits promis, mais augmentera la vulnérabilité de nos forêts aux risques qui ne devraient que progresser avec les changements climatiques et la destruction de l’écosystème. Les coûts seront élevés.
Nous devons adopter une approche qui ose réparer la nature dans son ensemble, qui la prend en charge dans toute sa complexité, et qui s’attarde à la forêt au-delà des arbres.
Scott Cole est économiste principal de l’environnement, WSP en Suède. Il collabore avec les clients pour veiller à ce que les mesures compensatoires traitent des pertes de valeur en toute crédibilité et transparence. Parcourez son article précédent (en anglais) qui explore l’argument économique derrière les mesures compensatoires en matière de biodiversité et comment elles doivent servir à la fois la nature et les gens.
L’auteur reconnaît la précieuse contribution de Jenny Merriman, Kyle Chapman et Barbara Bleho.