L’idée d’eau super-oxygénée abordable, écologique et sans produits chimiques fait sûrement penser à un produit « miracle » pour la santé ou le sport. Par contre, cette eau n’est pas destinée à la consommation humaine. L’eau super-oxygénée est plutôt une solution de bioréhabilitation destinée à dépolluer l’eau souterraine et les sols contaminés; elle présente son lot d’avantages non négligeables.
L’eau super-oxygénée se démarque notablement par rapport à d’autres méthodes utilisées pour la réhabilitation de l’eau souterraine contaminée par des hydrocarbures pétroliers, par exemple sur des sites anciennement utilisés pour le stockage de carburant. Cette option rentable et naturelle convient particulièrement au secteur pétrolier et gazier et à celui des transports pour extraire les hydrocarbures des aquifères souterrains et ainsi protéger la santé humaine et l’environnement.
Golder utilise l’eau super-oxygénée à des fins de réhabilitation au Canada depuis 2004, moment où son équipe de réhabilitation montréalaise* a mis cette technologie au point. Cette dernière a récemment été améliorée et mise à profit pour des projets en Australie, aux États-Unis, en Amérique du Sud et en Europe. Déjà utilisée avec succès dans le secteur pétrolier et gazier pour le nettoyage d’hydrocarbures, l’eau super-oxygénée commence maintenant à faire ses preuves dans d’autres secteurs, avec différents contaminants. Cette solution bénéficie à tout secteur aux prises avec des problèmes relatifs aux résidus d’hydrocarbures pétroliers, comme les secteurs minier, public et de la fabrication.
Qu’est-ce que l’eau super-oxygénée, et comment contribue-t-elle à la bioréhabilitation?
La description technique du processus peut sembler complexe, mais il s’agit tout simplement d’une amélioration astucieuse d’un processus observable dans la nature. Les seuls ingrédients? De l’oxygène et des nutriments, ainsi que des microbes d’origine naturelle. Aucun produit toxique n’est rajouté.
La bioréhabilitation est une méthode éprouvée mettant à profit l’action de microorganismes pour décomposer les contaminants organiques en produits simples et sans danger. Cependant, si l’eau souterraine est contaminée par un déversement d’hydrocarbures pétroliers, l’oxygène dans cette eau finit presque par s’épuiser, car elle est consommée par les microbes durant le métabolisme de matières organiques indésirables en bioxyde de carbone, méthane, eau, sels minéraux et matières cellulaires; en autres mots, la biodégradation. Par conséquent, l’eau souterraine devient anaérobie.
L’amélioration du processus de biodégradation et l’accélération du métabolisme des matières organiques requièrent une dose supplémentaire d’oxygène. L’eau super-oxygénée est injectée dans l’aquifère souterrain à l’aide de puits d’injection, ce qui augmente la concentration d’oxygène dissous afin de donner un coup de main aux microbes avec leur tâche.
De l’oxygène ultrapur est dissous dans l’eau potable ou dans de l’eau extraite de l’aquifère souterrain à l’intérieur d’une tour d’aération à surpression ou d’une chambre pressurisée pour créer un effet Venturi. Ces deux méthodes très efficaces permettent de transférer plus de 90 % de l’oxygène injecté sous forme d’eau super-oxygénée dans l’aquifère souterrain. L’injection d’eau super-oxygénée permet d’atteindre des concentrations d’oxygène de 40 à 50 mg/L, soit cinq à six fois la teneur normale en oxygène dissous de l’eau souterraine.
Cette avancée incroyable, mais bien réelle, présente toutefois certaines limites. Par exemple, les usages de l’eau super-oxygénée sont limités dans les aquifères peu profonds ou à faible perméabilité. C’est pourquoi une modélisation conceptuelle adéquate s’impose pour mieux comprendre les limites et incertitudes du site envisagé.