Le Canada subit déjà de graves conséquences de la crise climatique. Les changements climatiques et les événements météorologiques extrêmes comme les inondations, les feux de forêt, les vagues de chaleur et les sécheresses ont affecté des millions de Canadiens ces dernières années, et les catastrophes climatiques coûtent au Canada des milliards de dollars chaque année en dégâts matériels, en baisse de BIP et en dépenses de santé.
D’après l’allocution du premier ministre Justin Trudeau prononcée il y a tout juste un an à la 26e Conférence des parties (COP26) de Glasgow, le climat du Canada se réchauffe deux fois plus rapidement que la moyenne mondiale et l’Arctique canadien, trois fois plus vite. Le temps de parler des objectifs généraux avec les leaders du monde entier est révolu. La question est maintenant de savoir si l’on peut concrétiser les engagements sous forme d’actions pour le climat.
Ce qui s’est passé depuis l’accord de Glasgow
En 2021, quand les dirigeants du monde entier se sont réunis à l’occasion de la COP26 pour parler de l’avenir climatique du monde, le Canada a pris de grands engagements pour réduire ses émissions. En effet, le gouvernement s’est engagé à imposer un plafond sur les émissions du secteur pétrolier et gazier et à veiller à ce qu’elles diminuent au rythme et à l’échelle nécessaires pour atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Il a en outre signé le Pacte mondial sur le méthane qui a pour but de réduire, d’ici 2030, les émissions de méthane du secteur pétrolier et gazier de 75 % par rapport aux niveaux de 2012. Le Canada s’est aussi joint à d’autres pays en adoptant des engagements visant à stopper la déforestation et à favoriser l’utilisation durable des terres.
Des mesures ont ensuite été prises pendant les douze mois qui ont suivi la conférence. De fait, le Canada a porté une attention particulière à son engagement à réduire les émissions du secteur pétrolier et gazier. Il s’agit d’ailleurs d’un point essentiel du Plan de réduction des émissions pour 2030 mis à jour. Le gouvernement adopte maintenant des lois afin de concrétiser ses engagements. Aussi, il publie des documents de réflexion pour solliciter des commentaires sur la manière de réduire les émissions de méthane provenant du secteur pétrolier et gazier (d’ici 2030, l’objectif du Canada est de réduire de 75 % les émissions dans le secteur pétrolier et gazier par rapport aux niveaux de 2012), et d’imposer un plafond sur les émissions (d’ici 2030, l’objectif du Canada est de réduire ses émissions de 42 % par rapport aux niveaux de 2019). La somme de 10 millions de dollars sur cinq ans a également été investie dans le fonds de la Coalition pour le climat et l’air pur (CCAP) qui vise à appuyer le Pacte mondial sur le méthane, et le Système fédéral de crédits compensatoires pour les gaz à effet de serre a été publié. Ce dernier vise à réduire les émissions de méthane des sites d’enfouissement (et comprend des protocoles pour gérer les autres sources d’émissions à venir). Le gouvernement fédéral a aussi fait des efforts pour décarboner le réseau électrique et a publié un article de réflexion concernant une norme sur l’électricité propre afin de mettre en place un réseau d’approvisionnement en électricité carboneutre d’ici 2035. À l’occasion de la COP26, la présidence britannique a réitéré qu’il était impératif de combler le retard du Canada en adaptation. Depuis, le Canada s’est engagé à soutenir des efforts d’adaptation nationaux et internationaux, en investissant 5,3 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années (2021-2026) dans le cadre de sa participation au financement international de la lutte contre les changements climatiques, et en faisant progresser la stratégie d’adaptation nationale tant attendue qui doit être lancée autour de la COP27.
Priorités pour la COP27
Les grands leaders mondiaux se réuniront en Égypte en novembre. Voici les quatre grands thèmes sur lesquels porteront leurs discussions :
- Atténuation – Il s’agit de mettre en œuvre le Pacte de Glasgow pour le climat (en anglais seulement) et d’appeler à revoir les ambitions dans le cadre des Contributions déterminées au niveau national (NDC), soit les efforts déployés par chaque pays pour réduire ses émissions et s’adapter aux changements climatiques.
- Adaptation – Il faut définir un calendrier mondial plus précis pour les mesures d’adaptation, afin de confirmer les points convenus à Paris, qui ont ensuite été précisés davantage dans le Pacte de Glasgow pour le climat.
- Finances – On s’attend à ce que des investissements de 100 milliards de dollars soient versés pour les pays en voie de développement.
- Collaboration – Il faut encourager les gouvernements, le secteur privé et la société civile à travailler ensemble pour changer la manière dont nous interagissons avec notre planète.
Nous nous attendons aussi à ce que les discussions portent sur la création d’un mécanisme de financement pour gérer les pertes et les dommages liés aux changements climatiques. Ce concept sous-tend l’idée que les pays développés doivent offrir du financement aux pays gravement touchés par les effets des changements climatiques, notamment ceux qui perdent du territoire en raison de la hausse du niveau des océans ou ceux qui subissent des catastrophes, comme les graves inondations du Pakistan, dont les dégâts sont maintenant estimés à 40 milliards de dollars. Ces inondations sont le fait d’un événement météorologique extrême, très probablement exacerbé par les impacts des changements climatiques.
Le but de ces discussions essentielles est de favoriser des engagements nouveaux et renouvelés de la part des partenaires mondiaux dans la lutte contre les changements climatiques.
Le rôle du Canada en Égypte
À l’occasion de sa participation aux discussions annuelles sur le climat de la COP27, le Canada mettra en place un pavillon national, et ce, pour la première fois depuis plusieurs années. Le pavillon permettra aux représentants du Canada d’organiser des discussions officielles sur les engagements climatiques et les services et technologies fournis par les entreprises de leur pays. Puisque la COP15 à la Convention sur la diversité biologique (CDB) des Nations Unies se tiendra un mois plus tard à Montréal, le pavillon servira aussi de prélude aux discussions sur l’importance de la biodiversité, tenues dans le cadre des discussions plus vastes sur les changements climatiques.
La stratégie d’adaptation nationale du Canada devrait être lancée pendant la COP27, mais des doutes subsistent quant à savoir si elle permettra de préparer les Canadiens à ce qui les attend et de définir concrètement, à l’échelle nationale, des objectifs et des mesures qui pourront être mis en œuvre. Compte tenu des conséquences désastreuses de l’ouragan Fiona, les experts demandent à ce que la stratégie mette davantage l’accent sur des solutions nationales (en anglais seulement) qui aideront à renforcer la résilience et à limiter les répercussions des changements climatiques à court terme.
À la suite de la COP27, le Canada devra concrétiser ses engagements, fournir du financement pour que d’autres territoires de compétence mondiaux fassent de même et continuer à travailler avec des leaders internationaux pour échanger des innovations et des technologies qui soutiennent la transition vers un avenir résilient à faible empreinte carbone.