Indépendamment de la manière dont les changements climatiques évolueront au cours des prochaines années, il faudra réaliser d’importants investissements pour s’attaquer à leurs causes et leurs effets. De fait, les températures extrêmes, la hausse du niveau de la mer et les fortes inondations causeront des dommages aux infrastructures, aux propriétés et aux écosystèmes. Les solutions à mettre en place pour s’adapter aux changements climatiques et atténuer leurs effets, notamment la transformation des réseaux pour qu’ils produisent de l’énergie renouvelable, l’abandon des combustibles fossiles, la protection et la restauration de la biodiversité et la création de communautés plus résilientes face aux changements climatiques, s’accompagnent toutes de coûts initiaux importants qui ne rapporteront qu’à long terme.
Le financement climatique, c’est-à-dire le fait d’assumer les coûts associés aux changements climatiques, a constitué une priorité lors des récentes Conférences des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC) et l’une des priorités de la COP27 en Égypte. Au niveau mondial, il est nécessaire de reconnaître l’envergure des coûts nécessaires à la transition et à l’adaptation.
Le financement climatique sert normalement à l’adaptation aux changements climatiques ou à l’atténuation de leurs effets. Lors de la COP15 en 2009, les pays se sont engagés à mobiliser 100 G$ par année jusqu’en 2020 pour appuyer la mise en œuvre des mesures prises par les pays en développement, un engagement qui a été réitéré à Paris. Toutefois, les progrès réalisés envers la concrétisation de cet objectif n’ont pas atteint le niveau escompté et le financement disponible pour l’adaptation s’est révélé particulièrement insuffisant par rapport aux besoins des pays vulnérables, comme les pays les moins avancés (PMA) et les petits États insulaires en développement (PEID).
Comment paie-t-on pour les pertes et les dommages?
L’un des éléments qui n’a pas encore été déterminé en ce qui concerne le financement climatique, c’est la manière de financer les coûts liés aux « pertes et dommages ». Cette dernière expression est utilisée par les Nations Unies pour décrire (en anglais seulement) ce qui suit : « les dommages causés par les changements climatiques qui vont au-delà de ce à quoi les humains peuvent s’adapter. Ils peuvent comprendre les vies perdues, les coûts monétaires associés à la destruction des infrastructures, des bâtiments, des cultures et de tout autre bien ainsi que la perte de lieux ou de modes de vie complets. »
À l’heure actuelle, il n’y a pas d’entente universelle sur la manière de financer ces coûts. Lors de la clôture de la COP26 à Glasgow, les pays en développement ont proposé la mise en œuvre d’un mécanisme de financement dédié qui leur permettrait de retirer des fonds pour couvrir les pertes et dommages. Cependant, aucune entente n’a été conclue sur la manière de financer, d’administrer ou de gérer ce mécanisme. De plus, aucun consensus n’a été obtenu sur la façon de comprendre quels coûts seraient directement associés aux effets des changements climatiques et sur la manière de les aborder, ni sur le fait qu’il faudrait indemniser les pays en développement pour les dommages attendus. Suite à la demande de financement des pays en développement pour les pertes et dommages, les pays développés ont répondu que les investissements en adaptation et résilience sont le meilleur moyen de s’attaquer au problème et qu’ils sont en phase avec ce que la CCNUCC leur demande de faire.
Plusieurs études se sont penchées sur les coûts des changements climatiques dans un contexte où les mesures prises pour s’y attaquer demeureraient insuffisantes :
- Une étude réalisée par l’University College de Londres a révélé que « le PIB mondial serait actuellement possiblement inférieur à 37 % (en anglais seulement) à ce qu’il devrait être sans les effets des changements climatiques, si l’on tient compte de ceux-ci sur la croissance économique ».
- Une étude réalisée par le réassureur Swiss Re (en anglais seulement) suggère que l’économie mondiale perdrait 18 % de son PIB en raison des changements climatiques si aucune mesure n’était prise.
- L’actualisation due au retard de la prise de mesures d’atténuation s’élève à 600 G$ US en 2020 (en anglais seulement).
D’un point de vue canadien, une étude réalisée par l’Institut climatique du Canada (en anglais seulement) a révélé que « ...les dommages liés aux changements climatiques entraînent déjà des pertes considérables pour le revenu national. En 2025, le Canada essuiera des pertes de 25 milliards de dollars par rapport à un scénario de climat stable, soit 50 % de la croissance projetée du PIB pour l’année. La hausse des coûts s’amplifie rapidement au fil des années et des décennies, passant à 78 et 101 milliards de dollars annuellement d’ici le milieu du siècle pour des scénarios d’émissions respectivement modérées et élevées, et à 391 et 865 milliards de dollars d’ici la fin du siècle. » En Ontario, une étude récente publiée par le Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario a révélé que l’entretien des infrastructures de transport public coûtera 1,5 milliard de dollars de plus par an au cours des prochaines années.
Lorsqu’on pense aux coûts des changements climatiques, on pense souvent aux pertes assurées et non assurées associées à des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les ouragans, les inondations et les feux de forêt. Ce sont des exemples violents et tangibles. Beaucoup ne se rendent pas compte des coûts importants qui résultent des changements plus progressifs de notre climat : les pertes de productivité dues à l’augmentation du nombre de jours de forte chaleur, les coûts de relocalisation loin des zones côtières touchées par la hausse du niveau de la mer, les coûts d’exploitation et d’entretien dus à la dégradation plus rapide d’actifs tels que les bâtiments et les ponts, etc. De plus, les effets des changements climatiques sont complexes et en cascade, ce qui signifie qu’il y a des coûts supplémentaires qui sont indirects et plus difficiles à suivre. Par exemple, la perte de productivité due aux pannes d’électricité causées par les tempêtes ou les feux de forêt, les coûts liés à la santé en raison de la fumée des feux de forêt ou des maladies à vecteur, le coût non quantifiable de la perte des modes de vie traditionnels et autochtones, pour n’en citer que quelques-uns. Il est absolument certain que les coûts directs et indirects, financiers et non financiers des changements climatiques deviendront de plus en plus importants et profonds.
Quelle est la réaction des intervenants?
Les gouvernements souhaitent de plus en plus évaluer les coûts des effets des changements climatiques sur les infrastructures, les services et les opérations, et comprendre les risques macroéconomiques plus larges sur les économies nationales.
Les entreprises, comme les gouvernements, cherchent d’abord à évaluer les coûts potentiels des changements climatiques pour eux-mêmes, mais aussi pour leurs communautés. Beaucoup suivent les recommandations du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (en anglais seulement) (GIFCC) pour évaluer les conséquences financières des changements climatiques en fonction de plusieurs scénarios climatiques. Ces mesures sont souvent prises à la suite d’encouragements de la part des investisseurs, ou avant la mise en œuvre d’obligations réglementaires visant l’évaluation, la gestion et la divulgation des effets des changements climatiques.
Selon le dernier rapport d’état du GIFCC (en anglais seulement), même si peu d’entreprises divulguent les conséquences financières potentielles des changements climatiques, beaucoup utilisent les résultats de l’analyse des scénarios pour orienter leur prise de décisions concernant les mesures d’adaptation et d’atténuation qu’elles prendront.
Les autorités réglementaires financières peuvent jouer et jouent un rôle important dans la facilitation du financement climatique, car des approches politiques et réglementaires novatrices, par exemple l’augmentation de la transparence des rapports et de la clarté des taxonomies, ou l’ajustement des réglementations prudentielles, peuvent favoriser les investissements durables et permettre de lutter contre l’écoblanchiment. Tout cela encouragera le secteur public à investir davantage dans l’adaptation et la résilience, permettant ainsi aux gouvernements de concentrer leurs fonds publics sur les besoins des groupes défavorisés et vulnérables, les écosystèmes critiques, la transition équitable pour les communautés et les secteurs qui seront touchés par l’abandon des combustibles fossiles, et les biens publics tels que des informations climatiques plus précises.
Les fonds publics devraient aussi, évidemment, appuyer l’augmentation du financement international pour la lutte contre les effets des changements climatiques dans les pays en développement, conformément aux engagements pris dans le cadre de traités précédemment signés.
Comment WSP aide-t-elle les gouvernements et les organisations à évaluer les coûts des effets potentiels des changements climatiques et à lutter contre ceux-ci?
Nous, chez WSP, jouons un rôle de premier plan en aidant les gouvernements et les entreprises à comprendre les coûts associés aux changements climatiques, et à y faire face. Nous avons effectué des études pour estimer les coûts des effets des changements climatiques sur l’infrastructure publique en Ontario et au Québec ainsi que pour le compte du gouvernement fédéral.
Nous aidons aussi les entreprises à comprendre les effets potentiels des changements climatiques selon différents scénarios, conformément aux recommandations du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (GIFCC). Nous avons collaboré avec de grandes entreprises à l’échelle mondiale à ce sujet et avons élaboré des orientations utiles (en anglais seulement) pour aider les entreprises à naviguer à travers ce processus complexe.
En fonction des évaluations exécutés, WSP peut aider à trouver des solutions et à les mettre en œuvre de la manière la plus rentable et techniquement viable qui soit.
Nous envisageons clairement l’avenir et le concevons dès aujourd’hui
Comprendre les répercussions économiques de l’action et de l’inaction en matière de lutte contre les changements climatiques.